«Le chevet d’un malade est le lieu d’un rassemblement extraordinaire de personnages : on y voit défiler le médecin et ses aides, la famille, les parents éloignés, les amis et, de façon moins visible, d’autres individus qui apportent leur secours sous forme de tisanes, de prières ou d’exorcisme.
Sur cette étroite scène une société fait affluer des acteurs qui symbolisent toutes ses forces, depuis les pouvoirs officiels de la science jusqu’aux échos troubles des traditions magiques, en passant par les relations d’affection, d’intérêt ou d’alliance qui parcourantes voies de la parenté (…)
Dans cet ouvrage, il est surtout question de ce qui se passe à l’Ile de la Réunion, mais ce cas particulier est l’image extrême d’un mouvement très général dans les sociétés modernes. Les sociétés créoles ont préfiguré les grands télescopages de civilisations qui ébranlent notre monde.
Les rencontres de médecines, les itinéraires des malades entre hôpitaux, cultes, plantes, et guérisseurs sont un fait courant, bien que souvent masqué, dans notre société ; on le comprend mieux grâce à l’exemple de cet hivers clos, à l’histoire dense et riche.Il nous offre les clés d’une anthropologie de la santé et de la maladie, et finalement du malheur.
Par leurs rencontres, les médecines donnants des formes nouvelles à leurs réponses et poursuivent leur tâche essentielle qui n’est pas seulement de prendre en charge le corps mais de restaurer autour de la personne malade le monde que son tourment ébranle. (…) »